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Le procès devra déterminer si Dominique Alderweireld, dit Dodo la Saumure, est bien l'un des maillons d'un réseau de prostitution destiné à étancher la soif libertine de notables lillois, et ce jusqu'aux Etats-Unis. Sachant que le sexagénaire dirige une florissante affaire de maisons closes.

Présenté parfois comme « administrateur de société », Dominique Alderweireld , natif d’Annœullin, est en fait tenancier d’une bonne dizaine de maisons closes à la frontière belge, d’où son délicat surnom – Dodo la Saumure – évoquant cette marinade salée dans laquelle on conserve les maquereaux.


Il était déjà bien connu en Belgique, où le parquet de Courtrai l’avait dans le collimateur depuis plusieurs décennies, pour ses sempiternelles provocations – il a notamment ouvert un sulfureux bar à hôtesses et à cigares baptisé Smoke Havana face à… la caserne des pompiers de Tournai.


Mais il a vu sa notoriété ricocher jusqu’aux États-Unis lorsque son nom a surgi dans l’affaire dite du Carlton de Lille : il aurait fourni, notamment via son ami d’enfance René Kojfer, des prostituées lors des parties fines organisées autour de notables lillois mais aussi de Dominique Strauss-Kahn. Le souteneur assure n’avoir jamais rencontré l’ex patron du FMI et répète que ses employées sont des « indépendantes »…

Son rôle dans l’affaire 

Il a néanmoins profité de sa soudaine renommée internationale pour publier une autobiographie

(Moi, Dodo la Saumure) et ouvrir à Blaton (limitrophe du Valenciennois) un établissement baptisé, jusqu’à ce que la justice belge le lui interdise, DSKlub. Il miserait sur le médiatique procès qui s’annonce pour relancer son vieux projet de « maison de plaisir » pour personnes handicapées.


Il a été mis en examen pour proxénétisme aggravé (passible de 20 ans de prison

et 300 000 € d’amende).

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PORTRAIT
« Vous pouvez écrire que je suis un souteneur, mais pas que je suis inculte »

Le truculent « Dodo la Saumure » s’assume parfaitement en tenancier de maisons closes, métier toléré en Belgique, et se plaît à s’identifier aux

« Tontons flingueurs » d’Audiard.

 

Du haut de son jovial mètre soixante pour 75 kg, Dominique Alderweireld, alias « Dodo la Saumure», qui fêtera ses 66 ans lors du procès, aime se donner l’air d’un gros poisson. Celui qui a ouvert son premier bar à filles dans les années 1970 s’est vu attribuer un délicat surnom évoquant la marinade salée qui assure la longévité des anchois, mais surtout des maquereaux. Il y voit « une marque de respect ». Roublard, il est capable d’expliquer aux juges, sans mourir de rire, que sa compagne « Béa » accompagne ses employées dans les sous-sols libertins d’un restaurant parisien en tant que « soutien moral ». Volontiers vantard, il ne manque pas une occasion de rappeler que, « bien que né à Annœullin », son existence tumultueuse l’aurait amené à croiser Pierre de Varga (commanditaire présumé de l’assassinat du prince Jean de Broglie le 24 décembre 1976), des figures du « milieu » qui lui ont appris un argot « qu’Audiard lui-même ne comprendrait pas », mais aussi la famille Partouche, Charles Aznavour ou Jean-Michel Baylet, président du Parti radical. Mais pas Dominique Strauss-Kahn : « Je ne le connais pas, même si j’aurais adoré le rencontrer. Je suis sûr qu’on aurait eu moult sujets de discussion. »



Sens des affaires


Car ce fils de commerçants lillois le martèle : il est un autodidacte. « Vous pouvez écrire que je suis un souteneur, mais pas que je suis inculte. » Coquetterie de celui qui veut se démarquer de l’archétype du

« maquereau ». Son langage est un savoureux mélange d’argot et de références historiques : « Les bloqués du ciboulot ont oublié que la femme de Périclès tenait un bordel », pérore-t-il au milieu de sa chambre dérangée, à l’étage de sa maison de Tournai. C’est un ancien claque, avec des colonnades grecques dans le salon et de la vaisselle sale dans l’évier de la minuscule cuisine.

Moins guidé par le goût du lucre que par le sens des affaires, le souteneur aux yeux bleus a d’abord été modeste cambrioleur, promoteur immobilier, dirigeant d’un réseau de machines à sous, liquidateur judiciaire et aussi conseiller immobilier de Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire.


Un parcours constellé de treize condamnations – dont deux pour proxénétisme et une pour fraude fiscale – et de fidèles amitiés lilloises. René Kojfer, le GO du Carlton avec toujours en poche des publicités pour ses bouges frontaliers, est un ami de cinquante ans. Avec lui, comme plus tard avec des « amis » policiers (« Depuis que je connais les voyous, j’apprécie les flics ») et l’avocat Emmanuel Riglaire dont il affirme avoir été le client, il a toujours fréquenté assidûment un bistrot face au beffroi de la chambre de commerce de Lille, mais aussi une pizzeria lilloise et deux restaurants de Marcq-en-Barœul et Lambersart.


« Pour connaître la liberté, il faut avoir connu la prison. (…) J’ai coutume de dire que je suis stoïcien : il vaut mieux changer ses idées que le monde… », confie-t-il dans Moi, Dodo la Saumure, complaisante biographie rédigée au plus fort de l’affaire du Carlton et d’une notoriété mondiale inespérée. Si on ne la lit pas par amour de la littérature ou de la vérité, on peut lui reconnaître une honnête et nostalgique faconde à la Audiard.


Dernièrement, Dominique Alderweireld assurait miser sur le médiatique procès à venir pour lancer son vieux projet de maison close destinée aux personnes handicapées. Il ose tout…

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